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France-Venise Août 2018

27/11/2017 22:56benital34

Salut à tous !


Après avoir profité une première fois de vos bons conseils pour ma traversée de l'Italie fin 2015, je m'apprête à remettre le couvert à l'été prochain, et je reviens donc vers vous !

L'idée serait de relier le bout de la France à Venise par la Suisse ou le Nord de l'Italie en trois semaines (en se réservant quelques jours à l'arrivée). Le format d'étape serait de 60 à 100 km environ pour 2500 m de D+ max par jour (on aura des bagages), et des nuits en campings ou auberges.

Le premier tracé (celui qui tient la corde grâce à la haute montagne et car un peu plus court) serait au départ d'Evian :
-Evian-St-Moritz en 5 étapes via Aigle, Interlaken, Sustenpass, Oberalp, Albula;
-St-Moritz-Merano en 3 étapes via Bernina, Gavia, Stelvio
-Merano-Venise en 4 étapes via Bolzano, Passo Rolle, Croce d'Aune, Monte Grappa, avec éventuellement 2-3 étapes en plus du côté des Dolomites jusqu'à Cortina pour franchir par exemple le Giau ou le Pordoi.

Le second tracé serait au départ de Bourg-St-Maurice :
-Bourg St-MAurice-Lecco en 6 étapes via Petit-St-Bernard, Val d'Aoste, Oropa, le Sud du Lac Majeur, le Sud du Lac de Côme et Sormano (pas le mur qui me semble infaisable vu mon gabarit, le col qui passe au-dessus !)
-Lecco-Merano en 4 étapes via le Parc des Orobie Bergamasche, Gavia, Stelvio)
-et les 4 étapes jusqu'à Venise déjà décrites !

On cherchera à éviter les montrées trop dures (type Mortirolo ou Fedaia), mais sinon je suis vraiment preneur de tous vos conseils en termes de parcours, d'hébergement, etc. En particulier, j'aimerais savoir s'il y a un moyen convenable d'acheminer vélo et bagages de Venise à la région parisienne. J'ai débuté récemment mes recherches mais je sais déjà que Thello ne prend pas les vélos, et qu'il serait assez pénible de devoir transporter des housses pour prendre l'avion ou le TGV...

Merci d'avance pour votre aide en tous cas !

Benoît

05/12/2017 10:31jll34

Salut Benoît,

alors sans hésiter, j'opterais pour ton 1er tracé !
J'ai fait grosso modo ce parcours en 2014 (https://lesbaroudeursenvadrouille.wordpress.com/category/traversee-des-dolomites/) et j'ai fait l'été dernier la Lombardie, la haute altitude n'a pas d'équivalent.
l'enchaînement Grosse Scheidegg - Grimsel - Furka ou Nufenen - San Gottardo - Oberalp est juste magique.
Après Stelvio et Gavia sont effectivement incontournables.
Plus loin, je vois que tu veux passer au Passo Rolle puis plonger vers le Grappa, je te conseille quand même de te balader au coeur des exceptionnelles Dolomites autour du Gruppo Sella (Sella, Pordoi, Gardena, Valparola-Falzarego, Giau). Le passo delle Erbe est également un must.

Pour info, en mai prochain, j'effectue à mon tour la traversée de l'Italie de Sicile jusqu'en Ligurie !

11/12/2017 22:41benital34

Merci pour tes infos Jean-Luc ! Effectivement, je cherchais un moyen de profiter des Dolomites sans que ça ne soit trop long... Je trouve le compromis en faisant les étapes suivantes depuis Merano :
-Merano-Pied de l'Erbe
-Erbe-Pied de Valparola
-Valparola-Pordoi-Pied de Rolle
-Rolle-Croce d'Aune
-Monte Grappa.
Les étapes sont plutôt courtes mais l'enchaînement me paraît pas trop mal, sans faire d'étapes dantesques ! Toujours preneur d'avis et conseils en tous cas. :-)

Super pour la Sicile ! Ton parcours a évolué depuis l'an passé ou tu restes sur la même chose ?

12/12/2017 12:01jll34

- Merano - pied de l'Erbe => par où comptes-tu passer ? par le nord via le passo Monte Giovo ou par le sud via Bolzano et éventuellement l'altopiano del Renon ?
Si tu choisis l'option nord, je te conseille très très vivement de faire un crochet par l'extraordinaire passo Rombo (un coup de coeur perso). Son versant italien est juste sublime !

Vu que le lendemain tu n'as prévu "que" l'ascension du superbe passo Erbe (tu rejoindras après très rapidement le pied du Valparola), tu pourrais envisager une étape à 2 cols : soit coupler Rombo et Monte Giovo (le plus cohérent), soit coupler Monte Giovo et Erbe.

- Valparola - Pordoi - pied de Rolle => bien très bien même. Si tu te sens en forme, n'hésite pas à rallonger et à passer par le passo Giau, un incontournable.

- Rolle - Croce d'Aune => le sommet du Rolle est superbe avec la Cimon della Pala en exhibition. Le passo Manghen parallèle est aussi superbe => choix difficile mais je resterai sur ta 1ère idée (le Rolle est plus roulant il me semble)

En conclusion, tu vas te régaler !

Mon parcours italien a à peine évolué, j'ai retouché quelques étapes. J'ai hâte !

16/12/2017 18:02benital34

Effectivement le passage par le Nord peut s'envisager en remontant jusqu'au Passo d'Erbe, Cela me semble mieux que par le Sud. Par contre, faire le Rombo risque d'être compliqué : je serai avec des amis qui n'ont jamais fait ce genre de choses donc je pense limiter la difficulté des étapes... Mais je le garde en mémoire pour un futur périple, pourquoi pas !
Merci en tous cas pour toutes ces infos !
Reste à trouver un moyen de rentrer sans démonter les vélos...

24/08/2018 22:43benital34

Bonjour à tous !

Je rentre juste du périple que je vous avais annoncé ! Sur les conseils de Jean-Luc, nous avons donc opté pour l'itinéraire via la Suisse, et le moins que l'on puisse dire c'est que nous ne l'avons pas regretté !

Nous sommes partis à trois avec tout le matériel de camping et les rechanges sur sacoches et avons parcouru près de 1200 km en 14 étapes et 17 cols. Entre Interlaken et Moena, dans les Dolomites, nous sommes passés tous les jours à plus de 2000 m avec en point d'orgue le Stelvio qui a évidemment constitué le point culminant du parcours. L'itinéraire a été le suivant :
-Evian-Interlaken, via les Diablerets (Pas de Morgins, Col du Pillon, Saanenmoser), de beaux cols de moyenne montagne dominés par de hauts pics, des vallées luxuriantes emplies de chalets proprets, et des lacs "cliché" avec châteaux et bateaux à aube.
-Interlaken-St-Moritz via Susten, Oberalp, Albula. De la montagne plus haute et plus encaissée. Je recommande particulièrement le Susten, long et plutôt régulier, qui montre toute la progression des vallées jusqu'aux glaciers de haute montagne, en passant évidemment par alpages et forêt. Oberalp est également très dégagé mais plus fréquenté. Il y a un passage fantastique dans les gorges du Rhin et leurs falaises calcaires, au profil plutôt simple, entre Ilanz et Bonaduz. J'ai par contre été assez déçu par l'Albula (bien qu'également fan de trains !), assez peu dégagé sur l'ensemble de la montée de Tiefencastel, même si le village de Bergün vaut le coup. Par contre, le sommet et la descente vers la Punt sont fantastiques.
-St-Moritz-Merano via Bernina, Aprica, Gavia, Stelvio. Bernina se monte très facilement sur son versant suisse mais est un enchantement pour les yeux. Ensuite, en Italie, on entre dans la légende... Le Gavia est somptueux, notamment les derniers kilomètres de part et d?autre du sommet, mais le trafic est un peu trop dense pour une route aussi étroite (nous avons eu droit à des embouteillages à 2300 m d?altitude lorsque des voitures n?arrivaient pas à se croiser !). Le Stelvio? comment dire ? Je crois que c?est le premier col que je gravis où la route fait autant partie du spectacle. Quelle ne fut pas ma surprise de voir une telle influence germanophone au sommet, où l?on peut déguster sans problème choucroute et saucisses ! La route cyclable entre les pommiers du pied du Stelvio à Merano est également très agréable
-Merano-Predazzo via Monte Giovo, Erbe, Valparola, Pordoi. Les Dolomites... Un régal permanent pour les yeux et un magnifique terrain de jeu pour les cyclistes, vu le nombre et la variété des itinéraires proposés. Nous en avons eu plein les yeux ! Par contre, difficile de se loger : hôtels chers et campings bondés en août.
-Predazzo-Venise via Rolle, Croce d?Aune, Monte Grappa. Le Rolle est certainement le col le plus surprenant que nous ayons gravi. 18 kilomètres quelconques et boisés pour un final juste stupéfiant. Je n?en dis pas plus ! Et le Grappa? Quand on part d?une vue sur les Dolimites et que l?on achève la montée face à la lagune de Venise, je pense qu?on a tout dit !

Sans grande surprise, le revêtement se dégrade largement en Italie ! Nous n'avons eu cependant qu'une seule crevaison, à 20 km de Venise, même si nous sommes parfois passés sur des itinéraires cyclables en chemins ! Pas de problème de chiens en liberté par contre, contrairement à ce que j?avais pu expérimenter en Italie Centrale et du Sud.

Un point très positif, il existe pléthore d'itinéraires cyclables en Suisse (dont certains ne sont que partiellement revêtus, même s'ils sont indiqués pour les vélos de route) qui permettent d'éviter efficacement les grands axes dans les vallées. En Italie (particulièrement le Trentin-Haut-Adige), nous avons également été très agréablement surpris par de nombreux aménagements de pistes cyclables totalement séparées des routes jusqu'aux pieds des cols. C'est en particulier le cas entre le pied du Stelvio et Merano, Merano et le pied du Monte Giovo et du Rombo, dans la vallée du Brenner ainsi que celle de Canazei.

Pour info nous avons réussi à rentrer à Paris depuis Venise en deux jours sans démonter les vélos en prenant des trains régionaux via Vérone, Milan, Domodossola, Brig, Genève et Lyon. C'est un peu long mais ça se fait !

Merci encore à toi, Jean-Luc ! Comment s'est passée ta traversée de l'Italie ?

Benoît

24/09/2018 17:34jll34

Bonjour Benoît et tout les passionnés de la petite reine,

je découvre ton message un peu tard mais je vais te faire quand même un rapide résumé de ma traversée italienne.
Départ de Palerme pour 4 étapes en Sicile. J'y ai grimpé des montées + ou - connues et redoutables (Etna nord et sud, Monte Cammarata, Monte Gradara, Santuario Dinnammare) en essayant de respecter au maximum ma feuille de route. La mise en route fut difficile et j'ai eu l'impression de m'épuiser au fur et à mesure des jours (les étapes étaient longues).
Du coup, après avoir traversé le détroit de Messine et au moment d'attaquer la remontée de la botte, j'étais lessivé plus psychologiquement que physiquement. Conséquence : j'ai décidé de revoir le programme de mes étapes et surtout de réduire la voilure en terme de kilométrage journalier. Je me suis donc concentré sur les montées phares de chaque étape agrémentées d'1 ou 2 autres ascensions sans dépasser les 150 kms par jour. J'ai ainsi gravi :
- les Monte Montalto et Botte Donato en Calabre avec la neige encore présente aux sommets !!!,
- le fameux colle Ruggio (ou Dragone) que tu connais déjà, le Monte Croccia et le Monte Sirino dans le Basilicate,
- le Monte Gelbison, les cols du Cilento, le rifugio Calvanico (considéré comme le Zoncolan du Sud mais qui est nettement moins dur en fait), le Vésuve, les Montes Vergine, Taburno, Camposauro et la Bocca della Selva en Campanie,
- le Monte Cassino, les stations de Campo Catino, Monte Livata et Campo Staffi dans le Latium.

A ce stade, mon corps commençait à parfaitement encaisser l'enchaînement des étapes et j'avais repris confiance en mes capacités. Je pouvais donc attaquer les Abruzzes la fleur au fusil. J'ai ainsi enchaîné en 4 jours Blockhaus (dur et majestueux), Gran Sasso et son Campo Imperatore (splendide), Monte Terminillo (usant mais monotone) et Sassotetto + une flopée de cols environnants tout en augmentant la longueur des étapes.

La suite, ce ne fut que du plaisir avec cette sensation de ne jamais forcer ni peiner :
- Cima Mutali, Montes Cucco, Catria, Petrano, Nerone et Carpegna (= col musée à la gloire de Pantani : "il Carpegna mi basta") en Ombrie et Marches,
- Montes Fumaiolo, Secchieta, Amiata, Serra et Giogo + passos Vestito, Pradaccio (= San Pellegrino in Alpe dur dur), Abetone, Croce Arcana en Toscane,
- Montes Cimone, Penice et Lesima en Emilie-Romagne,
- Passos Ghiffi, Cento Croci, Praglia, Faiallo, Melogno et Montes Fasce, Figogna, Beigua en Ligurie.

Bref, du point de vue sportif, j'ai la sensation de ne pas avoir laissé grand chose derrière moi et que les Apennins ont été bien brassés.
Question tourisme, je garde des souvenirs impérissables de certaines villes et secteurs : le centre de la Sicile vallonné, vert et sauvage, la campagne en Basilicate, le massif de la Majella, le Parc du Gran Sasso et son "petit Tibet", le Parc du Matese, la campagne toscane, les Cinque Terre, les villes de Matera (exceptionnelle, un gros coup de c?ur), Ascoli Piceno, Assise, Pérouse, Gubbio, Saint-Marin, Florence (toujours aussi magique), Sienne (incroyable aussi), Pise, Lucques + quelques villages magnifiques ça et là (Stilo, Pietrapertosa, Craco, Sant'Agata De Goti, Spello, Bobbio).
Unique regret : ne pas avoir pu rouler sur la côte Almafitaine à cause de conditions météo catastrophiques ce jour-là !
D'ailleurs la météo, comme en France, ne fut pas extraordinaire au mois de mai en Italie. Rares furent les jours où le soleil régnait en maître dans le ciel. Les nuages étaient souvent présents et la montagne brumeuse. J'ai même dû faire face à quelques orages épiques.

Ceci dit et pour conclure, cette transitalique est à classer incontestablement dans le top 3 de mes périples. L'an prochain, place à la transibérique !